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Gersende, l’une de nos conseillères et notre amie, écrit :
Depuis des décennies, on assistait à un alternance régulière de la Droite et de la Gauche modérées. Se succédaient au pouvoir des partis dits « Républicains », ce qui ne sous-entend pas que les autres partis ne seraient pas respectueux de nos institutions, ou en marge de notre République.
J’ai commencé ma vie de modeste politologue comme stagiaire, fraîchement sortie de Sciences-Po, rattachée à un conseiller du dernier Président de Droite que l’on ait eu en ce nouveau siècle. Un Président de la République que j’ai plus souvent rencontré depuis lors, que du temps où j’étais censée être à son service. Que j’apprécie davantage en prenant un peu plus de recul. Et qui reste un rempart dans le tsunami que l’on traverse. Il avait fait entrer dans son gouvernement et à l’Élysée des personnalités de gauche. Et il se trouve que j’étais auprès de l’un deux qui m’a appris tellement de choses et qui est retourné à son ancien métier. J’ai appris ainsi à ne pas devenir sectaire et considérer que ce qui prime en politique sont la sincérité et l’honnêteté.
Faire cohabiter dans un même gouvernement des gens de Droite et de Gauche est le rêve de la plupart des Français qu’on interroge. Mais cela ne marche pas vraiment. Si cela n’avait pas été un échec, il ne s’agissait pas, à mes yeux, d’une franche réussite. Les français semblant aussi aimer que ce soit noir ou blanc, mais pas les deux comme en ce moment. Et le « en même temps » que nous vivons en ce moment est un naufrage.
Et puis en 2017, la Droite et la Gauche ont implosé. Par lassitude des citoyens pour ce perpétuel mouvement de balancier ? Ou pour d’autres raisons. Chacun a son explication, mais aucune ne fait vraiment le consensus.
Les Français ont choisi par la force des choses une autre voie. Ils ont élu un Président par défaut pour se préserver de la Droite Populiste. La Gauche n’a pas su se rassembler. La Droite Républicaine, et c’est heureux, ne veut pas se lier avec la Droite Populiste. Hélas, des personnalités de cette Droite Républicaine sont allés se vendre, sans vergogne, sans dignité, à ce nouveau Président, sans même connaître ses intentions sinon des propos que ce dernier considérait ne pas l’engager et ne pas être obligé de respecter. Ni sincérité, ni honnêteté ! Et espérons que ces déserteurs ne reviendront jamais vers nous car ils ne font plus partie, et pour toujours, de notre famille.
Depuis deux ans on vit les errements de ce nouveau pouvoir à la dérive, sans cap, sans âme, sans morale. Depuis 20 semaines on vit une crise sociale que ce nouveau pouvoir regarde avec arrogance et mépris. Démontrant également son incapacité à traiter les problèmes. A assurer notre sécurité. Une situation calamiteuse engendrée par des individus non moins calamiteux.
Les revendications des Gilets Jaunes sont loin d’être celles de la majorité des français. Ces gentilles personnes qui occupaient les ronds-points au début du mouvement ont cédé la place à des gens plus radicalisés. Et pourtant, lorsque ces personnes, qu’on n’aurait pas tellement envie d’inviter à venir boire l’apéro chez soi, osent descendre dans la rue et manifester leur colère, on a l’impression qu’ils défendent en même temps nos propres revendications. Même si elles n’ont rien en commun.
Et pourtant ne nous faisons pas d’illusions. Le Droite que nous connaissons n’est pas à la veille de réinvestir le pouvoir. La gauche encore moins. De cela on ne peut se réjouir mais il en est ainsi. Et ce sont les extrêmes qui montent dans notre pays – comme dans toute l’Europe – et qui s’entendent comme des larrons en foire. En France, les populistes de tous bord, représentent aujourd’hui plus d’un tiers des citoyens. Et demain ? Et cette Europe des lobbies qui obéit aux dieux que sont l’Argent, le Glyphosate, et qui ouvre tout grand ses frontières aux migrants sans qualification et aux produits chinois, nous dégoûte un peu plus chaque jour. Mais le Brexit est il une meilleure voie ?
Restent les idées. Beaucoup des Français que je fréquente préfèrent rester attachés à leurs convictions plutôt qu’à des hommes que certains s’imaginaient providentiels. Et qu’importe si ce n’est pas notre camp qui est au pouvoir. Si on garde au moins notre dignité et le respect de nous mêmes !
Ne ratez pas le livre de Bruno Retailleau : Refondation. La Droite doit faire son bilan. Elle doit reconnaître ses erreurs comme ses réussites. Et mieux vaut être dans l’opposition si on reste fidèles à ses engagements plutôt que d’aller se commettre avec ceux qui ne méritent pas de nous diriger. Avec ceux dont l’incompétence, la vanité, l’arrogance nous mettent chaque jour un peu plus en danger.
Gersende, à Paris, le 23 mars 2019